Le Mali, pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, a connu ces derniers mois des développements significatifs tant sur le plan diplomatique qu’économique. Ces évolutions reflètent les dynamiques complexes de la région et les efforts du pays pour renforcer son autonomie et son développement.
Sur le plan diplomatique, le Mali a annoncé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette décision fait suite à des mesures similaires prises par le Burkina Faso et le Niger, ses voisins immédiats. Dans une lettre adressée au ministère français des Affaires étrangères, le gouvernement malien a exprimé son mécontentement face à des sanctions jugées sélectives et à un manque de respect pour sa souveraineté. Cette initiative s’inscrit dans un contexte où les trois pays, actuellement gouvernés par des juntes militaires après des coups d’État récents, ont pris leurs distances avec la France, expulsé les troupes françaises et renforcé leurs liens sécuritaires avec la Russie. L’OIF, créée en 1970, regroupe 93 pays et gouvernements partageant la langue française. Le retrait du Mali souligne une tendance régionale à réévaluer les relations avec la France et à rechercher une plus grande indépendance sur la scène internationale.
Par ailleurs, le Mali a été au centre d’une crise diplomatique avec l’Algérie suite à l’abattage d’un drone malien près de la frontière algérienne le 31 mars. Alger a affirmé que le drone avait violé son espace aérien près de Tin Zaouatine, ce qui a conduit à sa destruction. Le Mali et ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES), comprenant le Burkina Faso et le Niger, ont nié cette violation et ont condamné l’action algérienne comme une atteinte au droit international. En réponse, les deux pays ont expulsé leurs ambassadeurs respectifs et interdit les vols de l’autre partie. Ce différend met en lumière les tensions croissantes et les alliances changeantes dans la région, avec l’AES s’éloignant de la CEDEAO et établissant de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie. Malgré l’escalade des tensions, les experts estiment que le conflit est peu susceptible de dégénérer en confrontation militaire en raison du contrôle limité du Mali sur ses frontières.
Sur le plan économique, le Mali prévoit une augmentation de sa production d’or en 2025, suite à la reprise attendue des opérations de Barrick Gold après un différend prolongé avec le gouvernement. La production devrait atteindre 54,7 tonnes, en hausse par rapport à une baisse de 23 % à 51,7 tonnes en 2024. Barrick Gold avait suspendu ses opérations à Loulo-Gounkoto en janvier en raison de restrictions gouvernementales et de saisies de cargaisons d’or. Un accord a été conclu en février pour résoudre un différend fiscal, bien que l’approbation gouvernementale soit toujours en attente. Barrick envisage une reprise des opérations d’ici le 1er avril, bien que cela reste incertain. En plus de l’or, le Mali a lancé la production de lithium en décembre avec la mine de Goulamina, qui devrait produire 381 959 tonnes de spodumène de lithium en 2025.
La mine de lithium de Goulamina, inaugurée le 15 décembre 2024 dans la région de Bougouni, est la plus grande d’Afrique en termes de capacité de production. Exploité par Lithium du Mali SA, avec la société chinoise Ganfeng Lithium comme actionnaire principal, le projet représente un investissement estimé à environ 250 milliards de francs CFA pour les entreprises maliennes. Cette initiative marque l’entrée du Mali dans le cercle restreint des pays africains producteurs de lithium, après plusieurs décennies axées sur l’exploitation aurifère. La mine de Goulamina devrait offrir des opportunités économiques et de création d’emplois sur une durée minimale de 21 ans, tout en contribuant au développement local par la réalisation d’infrastructures routières, énergétiques et hydrauliques, avec un investissement variant entre 22 et 25 milliards de francs CFA.
En matière de gouvernance, le Mali a adopté une nouvelle constitution lors d’un référendum constitutionnel tenu le 18 juin 2023. Le projet de constitution, soutenu par la junte au pouvoir, vise notamment à renforcer la décentralisation et à accroître les pouvoirs du président de la République. Le référendum a été marqué par un taux de participation d’environ 38 %, avec une approbation de plus de 97 % des suffrages exprimés. La nouvelle constitution a été promulguée le 22 juillet 2023, marquant une étape importante dans le processus de transition politique du pays.
Ces développements illustrent les efforts du Mali pour renforcer son autonomie politique et économique, tout en naviguant dans un environnement régional complexe. Les relations diplomatiques avec des pays voisins, les initiatives économiques et les réformes constitutionnelles témoignent de la volonté du pays de s’affirmer sur la scène internationale et de promouvoir son développement interne.