François Burgat jugé pour apologie du terrorisme à Aix-en-Provence : la liberté académique mise en cause

François Burgat, né le 2 avril 1948 à Chambéry, est un politologue et islamologue français reconnu pour ses travaux sur les dynamiques politiques et les courants islamistes dans le monde arabe. Ancien directeur de recherche au CNRS à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), il a également dirigé le Centre français d’archéologie et de sciences sociales (CEFAS) à Sanaa, au Yémen, et l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) à Damas et Beyrouth.

Au cours de sa carrière, François Burgat a publié plusieurs ouvrages majeurs, dont « L’Islamisme en face » (1995), « Comprendre l’Islam politique » (2016) et « L’Islamisme à l’heure d’Al-Qaïda » (2005). Ces travaux offrent une analyse approfondie des mouvements islamistes et de leurs interactions avec les sociétés arabes contemporaines.

En juillet 2024, François Burgat a été convoqué par la police pour « apologie du terrorisme » suite à des déclarations sur Gaza et la Palestine. Cette convocation faisait suite à une plainte déposée par l’Organisation juive européenne (OJE), qui lui reprochait d’avoir relayé sur le réseau social X (anciennement Twitter) des messages favorables au Hamas, notamment en janvier 2024, où il avait exprimé son respect pour les dirigeants du Hamas en réponse à des allégations de viols commis par des combattants palestiniens.

Le 24 avril 2025, François Burgat a comparu devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour ces faits. Lors de l’audience, le parquet a requis une peine de prison à son encontre. Les propos tenus par le chercheur sur X, notamment en soutien au Hamas et en critique de l’État d’Israël, ont été au cœur des débats. François Burgat a défendu sa position en tant que chercheur, soulignant son engagement pour la liberté d’expression et la recherche académique.

Cette affaire a suscité de vives réactions dans le milieu académique et au-delà. De nombreuses organisations, dont l’Intersyndicale de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (2ESR-13 CNT, CFDT Aix-Marseille Université, CGT FercSup AMU, CGT FercSup EHESS, Comité de lutte étudiant·es AMU, SNCS, Snesup AMU, Sud Éducation, Sud Recherche), ont exprimé leur soutien à François Burgat, dénonçant une atteinte à la liberté académique et à la liberté d’expression.

Par ailleurs, en octobre 2024, François Burgat a révélé une note des services de renseignements français datant de 1928, adressée par le « Service des affaires musulmanes » du ministère des Colonies de l’époque au gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Cette note mettait en lumière l’intérêt précoce des autorités françaises pour le phénomène naissant du salafisme, soulignant les préoccupations liées à son développement dans les colonies françaises.

En juillet 2023, François Burgat a accordé une interview à l’agence Anadolu, dans laquelle il a abordé la situation des musulmans en France. Il a dénoncé le traitement discriminatoire dont ils sont victimes, soulignant que cette communauté est maltraitée en raison de son appartenance à la génération des « descendants des colonisés », que les « descendants des colonisateurs » refusent avec obstination.

Ces événements illustrent l’engagement continu de François Burgat dans l’analyse des dynamiques politiques et sociales du monde arabe et musulman, ainsi que sa défense de la liberté académique et d’expression face aux pressions politiques et médiatiques.